Résidences - Saison 2021-2022

Résidence les patries imaginaires / La douceur d’appartenir

du 11 au 15 avril 2022

pièce sonore théâtre documentaire / improvisation


Perrine MAURIN / Les patries imaginaires / Antoine ARLOT

Résidence de recherche et de territoire 2020-2022, dans le cadre du dispositif d’aide à la résidence de la Région Grand Est
Dans le cadre du C.R.I. (Centre de Recherche pour l’Improvisation)

HABITER, LA MAISON COMME PRISME POÉTIQUE

Une résidence artistique de la cie les patries imaginaires au Théâtre du Marché aux Grains de Bouxwiller et dans la Communauté de Communes Hanau – La Petite Pierre pour 3 ans !
Cette résidence a pour objectif de mettre en place une recherche artistique sur l’habitat.

La douceur d’appartenir – Résidence artistique à Bouxwiller du 11 au 15 avril 2022

Dans le cadre de la résidence de la compagnie Les patries imaginaires, Perrine MAURIN, artiste-compagnon, a interviewé des habitants de la communauté de communes de Hanau – La Petite Pierre sur leurs relations à l’habitat. Les questions et les réponses ont été enregistrées par Perrine qui a sillonné le territoire pour les recueillir, franchissant les seuils des maisons, des mairies, des cours et des jardins. Puis elle a sélectionné des extraits qu’elle a confié au musicien et poète sonore Antoine ARLOT. Ils ont travaillé dans un premier temps chacun de leur côté puis ils passent ensemble une semaine au Théâtre du Marché aux Grains, nous proposeront, dans un second temps, une séance d’écoute en multiphonie.

Organisée par le Théâtre du Marché aux Grains – Atelier de Fabrique Artistique – Bouxwiller et la cie Les patries imaginaires dans le cadre du dispositif de soutien aux résidences artistiques de la Région Grand Est (2020/2023).
Avec le soutien de la Ville de Nancy pour le prêt de la maison mobile

Le projet général et les résidences précédentes : http://theaboux.eu/residence-habiter/

www.patriesimaginaires.net

 

En savoir plus sur cette semaine de résidence et ce projet sonore :

L’objectif artistique de cette collaboration entre Antoine et Perrine est de faire se rencontrer deux imaginaires, l’un sonore, l’autre documentaire. Et comment l’un agit sur l’autre et vice-et-versa.
Les pratiques des deux artistes cherchent le fil de ce que l’on pourrait appeler « la poétique de l’espace », celui des lieux, des mots, des sonorités.

Perrine MAURIN raconte sa démarche et ses intentions : 

L’effroyable douceur d’appartenir

Cette expression est issue d’une phrase du livre de Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux. Il y décrit dans des pages magnifiques comment un lieu, une vallée sinistrée du nord de la Lorraine, influence et colore la vie de jeunes adolescents qui ne pourrait être la même ailleurs. L’espace physique, matériel de la vie est l’espace de la construction de soi. Je suis tombée en arrêt devant cette expression, elle est à l’origine de ma proposition de résidence à Vidal BINI. Se sentir appartenir à un endroit, un territoire, une maison, un quartier, qu’est-ce que cela signifie concrètement comme émotions, comme sentiments, comme souvenirs? Quels parcours de vie cette « appartenance » recouvre-t-elle? J’ai alors élaboré tout un questionnaire pour chercher des réponses. Je suis partie sans savoir, sans idées préconçues, tout simplement parce que je n’en ai toujours pas car je connais mal ce sentiment « d’appartenir ». Sans être déracinée, je ne me sens de nulle part tout en sentant confusément qu’il y a là un manque, un trou, une mémoire enfouie. Dans ce bout d’Alsace du Nord, j’ai trouvé une très grande douceur, celle d’appartenir, forte et entretenue avec soin. Je me suis sentie accueillie, dans ma capacité d’écouter et d’être écoutée. Les rencontres m’ont souvent émue, touchée. Les échanges ont été forts. Je suis pleine de reconnaissance pour ces femmes et ces hommes qui ont acceptés de livrer leurs mots au micro. Alors « l’effroyable douceur d’appartenir » de Nicolas MATHIEU est devenu « la douceur  d’appartenir », ce projet sonore. 

On y entend comment le lieu a façonné l’histoire, les histoires, les petites comme les grandes. Ce travail capte ce qui d’un lieu imprime forme, odeur et couleur aux corps, aux émotions, aux vies.« Habiter/la douceur d’appartenir » est la tentative de saisir le lien entre un espace et une vie.

Perrine MAURIN

Notes sur ma manière de travailler les paroles des habitants

Je construis des miniatures. Je laisse des traces de ma place et de ma responsabilité dans l’échange. Je ne parle pas à leur place, je suis l’interlocutrice. Je laisse les trous, les blancs, les hésitations, les ratages. Le souffle, l’intonation, le rythme en disent tout aussi long que les mots.
Je condense, je coupe, je laisse de côté, j’oeuvre poétiquement dans la langue de l’autre. Tout en enlevant tout ce qui pourrait être trop intime ou personnel. C’est mon pacte moral avec moi-même et avec l’autre.
J’élabore, je taille, je distille la parole, je n’ai pas de filtre sociologique et ça ne m’intéresse pas même si au détour des mots j’entends aussi des vérités sociales. Ce n’est pas cela que je traque, c’est l’articulation de l’intime, de la vie, de la profondeur humaine avec ce mot, Habiter.
Je vais chercher ailleurs , chez les autres, ce mystère que ce mot est pour moi.
J’ai choisi Antoine ARLOT pour sa fréquentation de la poésie, son contact avec les mots dans le son, pour qu’il soit poète sonore avec ces mots là, ces souffles, ces temps. Que son regard soit musique.

Perrine MAURIN

Antoine ARLOT, mini biographie

Il y a longtemps, j’ai traversé le free-jazz, le free-rock, le noise et surtout l’expérimentation sonore au saxophone alto et avec divers objets électriques plus ou moins fonctionnels. Il y a moins longtemps mais quand même assez longtemps, j’ai rencontré le théâtre, le théâtre documentaire, de marionnettes, la danse, le cinéma, les bandes-son, le tout à l’électroacoustique et souvent en multidiffusion pour le plaisir des immersions sonores et de l’acoustique vraiment physique. Et puis le baryton, pour la richesse des sons possibles.
Pendant ce long temps il y a eu aussi la rue avec ses spectacles au public inattendu, les fanfares improvisées et de situation, transformant l’espace public en y détournant le regard. Et des rencontres, beaucoup de groupes, de performances, de télescopages en tous genres. 
Toutes ces aventures n’avaient finalement comme point commun que l’improvisation (libre souvent) et la création. Le bonheur des éléments éphémères et vivants.
Aujourd’hui (je ne suis plus si jeune, je me demande pourquoi) et je me plonge dans les pièces radiophoniques, les captations audio-naturalistes hybrides mêlant la poésie (une grande passion), l’écriture, les interviews, en me rapprochant de la parole des uns et des unes par gout de l’impromptu. Sûrement aussi par amour de la richesse du monde. Le son est partout, la vie aussi.

Antoine ARLOT