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Journal de bord #13

Lundi 15 mars 2021.

Chronique d’une fin d’hiver par une équipe dans l’attente du printemps.

Cloé

Plongée dans un déménagement, cartons, peintures, copains, bières, quasi la vie normale !  Je refais surface au théâtre. RAS, je ne m’étonne pas. Les actions d’occupation des théâtres me donnent le sourire et ravivent mes convictions. Je profite de ce journal pour développer une bribe de réflexion que j’ai eue, ce matin en allant à Bouxwiller.

Je déchante, dimanche 14 mars 2021 ! À la date anniversaire de la fermeture des théâtres, seulement une centaine de personnes se sont rassemblées pour manifester et (re)mettre en lumière les problématiques liées à la fermeture des lieux de Culture et de sociabilité. Où sont les spectateurs qui remplissent les salles de cette ville, dont 21 % du budget est alloué à la Culture ? Je m’interroge. À croire que la Culture et les personnes qui permettent qu’elle existe ne sont pas essentielles ?!  Il ne s’agit surtout pas que d’un « entre soi de cultureux », mais de ce que nous souhaitons pour faire société : la Culture certes, mais aussi plus de justice sociale et d’écologie. La notion de développement durable est, à mon avis, centrale. Car elle allie le social, l’environnement et l’économie.

La rue, comme espace d’expression est à tout le monde ! À moins que nous ayons déjà trop l’échine courbée pour se relever ?

Julie

Une des missions de la semaine à Boux’ : faire découvrir la deuxième édition des INSTANTANÉES du Théâtre du Marché aux Grains, ce format imaginé fin octobre au moment du deuxième confinement. Les INSTANTANÉES, c’est la rencontre entre trois artistes de la région, qui n’ont jamais travaillé ensemble, pendant trois jours, dans un lieu remarquable de Bouxwiller et ses environs. Les trois artistes, en l’occurrence Vidal BINI, Grégory DARGENT et Anthony LAGUERRE, découvrent leur travail, leur trajectoire, partagent leurs inspirations, et finissent par proposer le troisième jour une performance. Un projet qui privilégie l’improvisation à l’écriture, qui invite à créer dans la spontanéité de l’instant, avec les éléments qui le constituent.

S’ensuit toute une réflexion sur la part d’improvisation qu’il y a dans nos vies, en particulier depuis un an. Improviser, est-ce agir, réagir, trouver des adaptations, innover ? Dans tous les cas, il semble que c’est une notion qui traduit un mouvement : bouger, questionner, se mettre en action.

Sylvie

Blanc pour commencer, à la montagne pour l’un, au pinceau pour construire son petit paradis blanc pour l’autre, et dames blanches dans mon jardin, pour protéger les fleurs en devenir du froid revenu. Blanc aussi quand on pose la question de quand nous pourrons rouvrir

Temps et météo incertains, mais on s’accroche et on voit rouge, rouge le gradin de notre théâtre, avec plein de couleurs et de vie, nos spectateurs, noir, le plateau, sur lequel nos artistes apportent chacun une touche de couleur, bleu, comme les rideaux du théâtre, vert comme l’espoir, jaune le soleil. Avec le rose qui nous monte aux joues, derrière nos masques, le plaisir de tous se retrouver, nous voilà avec le plus bel arc-en-ciel qui puisse exister.

Pacôme 

Vivre depuis quelques semaines au bureau ce que mes collègues ont vécu pleinement durant mes cinq mois d’absence, c’est-à-dire travailler dans l’incertitude totale de dates éventuelles de réouverture possible au public, et adapter les projets, les reporter, les annuler, en commencer d’autres, sous d’autres formes souvent, fait drôle. Mais la vivacité de mes collègues et des projets malgré tout est stimulante. Projections vers les prochains mois flottantes, mais temps pas suspendu pour autant, toujours aussi rempli.

Vidal

Une semaine riche en émotions, passée en compagnie, avec KiloHertZ. Une sensation étrange que celle de retrouver les sentiers tortueux d’un processus de création, parfois semé d’embûches et en même temps débouchant sur de magnifiques points de vue. Ce « NARR : pour entrer dans la nuit » n’en finit pas de nous échapper, mais cette pièce à venir nous promet chaque jour un peu plus de belles aventures.

C’est aussi la solidité de l’équipe du Théâtre du Marché aux Grains qui me permet cet éloignement, avec la certitude que la maison de Bouxwiller tourne (presque) à plein régime. Occupé ? Le théâtre Christiane Stroë n’a jamais cessé de l’être. Ce n’est peut-être pas l’Odéon, mais on y crée tout autant.

Olivier 

Nouvelle plongée dans le labyrinthe « NARR ». La semaine démarre à Erckartswiller en duo avec Geoffrey. On improvise un studio de travail dans sa nouvelle habitation. S’ensuivent trois journées occupées à solutionner un certain nombre de problèmes techniques et à créer de la matière sonore. En milieu de semaine, on barre au Sud. En route pour Strasbourg. On retrouve l’équipe des danseurs, Caroline, Hortense, Mathieu, Sebastian et Vidal. C’est l’occasion de découvrir les pistes chorégraphiques mises en chantier et une première tentative de faire coexister danses et musique.

Le projet est ambitieux, vertigineux. Le plaisir de continuer la route avec KHZ donne de l’énergie pour prendre à bras le corps cette nouvelle aventure…

Humeur musicale : Talking Heads « Remain in light ».

À très bientôt,

L’équipe du Théâtre du Marché aux Grains

Illustration : Manifestation pour la réouverture des lieux culturels – dimanche 14 mars 2021 à Strasbourg

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